Je continue.

En décembre 2017, j’ai commencé à écrire à des destinataires cachés, très copiés-collés, pour remercier et dire au revoir aux gens que j’avais rencontrés durant une année de réseau. Je leur annonçais que ça y est, je me lançais dans l’aventure de l’entreprenariat
en mode toute seule.
Le mois d’après,
j’ai continué. 

Tu commences à faire les choses pour certaines raisons.
Et puis tu continues et progressivement, tu les fais pour d’autres.

 

__

C’était janvier,

j’ai écrit « bonne année »
et le mois d’après, j’ai écrit encore, pour me sentir reliée et espérer très fort que les gens ne m’oublieraient pas, après m’avoir croisée.

J’avais peur de ça,
je crois.

__

J’ai ajouté de vieilles et de nouvelles connaissances et j’ai raconté mes actions sages : le nombre de rendez-vous et de prospects et d’offres formalisées,
en essayant de rendre le tout intéressant.

Je faisais un clin d’œil au bilan mensuel,
qui nous avait bien fait suer tous les mois, dans ma vie d’avant
(et qu’en secret, j’aimais quand même).

J’étais étourdie par tant d’espace et tant de liberté.
C’était la peur du vide, du rien,
entre moi et le monde.
Alors j’écrivais et rendais compte de ce que j’avais fait pour bien travailler,
pour « mériter », même si je ne sais pas quoi.

Ça a commencé comme ça.
Et j’ai continué.

__

Peu à peu,

j’ai ajouté des pieds-de-nez.
Ça m’a plu.

Je vous imaginais en train de lever les sourcils ou de sourire.
Il y a eu les signes de certains d‘entre vous :
des smiley des « c‘est sympa »
et même des « c’est touchant. »

Là, forcément, j’ai continué.

__

C’est devenu un rendez-vous fourre-tout
avec toutes sortes de gens.

J’y ai mis les cousins, mes parents, mes enfants qui ne la lisent jamais,
les vieux amis.
Et les nouveaux.

Il me fallait du monde, faire enfler la liste.

Je les mettais d’office,
contraints et piégés sans pouvoir se désinscrire.

Ah ben bravo,
RGPD !!

__

Et il y avait

ces mots boomerang que j’attendais.
Les vôtres.
Vous étiez ma dose mensuelle
d’oligo-éléments élégants.

J’ai fini par lâcher.
Plus d’envoi en otages par Outlook
je vous ai invités à vous inscrire volontairement
et vous pouviez partir quand vous vouliez.

À partir de là,
vous étiez libres et moi aussi.
j’avais ma liberté de clavier.

Et j’ai continué.

__

Au premier passage à vide,

j’ai hésité.
J’ai préféré l’écrire, tant pis.
Peu à peu, j’ai osé, toujours plus.

J’ai versé dans la lettre
mes doutes, mes chagrins, mes élans d’optimisme
et enlevé quelques couches de l’oignon,
au risque de lasser les partisans du rire.

Tant pis.

Triste, instable, dans le doute, énergique, sidérée le 5 avril 2020,
la lettre était livrée tous mois,
avec ce que j’avais.

Elle a servi mon objectif premier,
m’apportant des clients

plus-que-parfaits.

__

 

Au fil temps,

j’ai pris de la bouteille, ma lettre aussi.
Mais elle a toujours été ma récré-d’écri-ture.

Je la couche sans préméditer
je tente d’être rapide.
Une demi-journée
pas plus.

Elle est un bout de moi tout lissé,
glissé vers toi.

Parce qu’un jour,
je t’ai tutoyé·e.

__

Chacun de tes retours me surprend et me fait chavirer.
Leur nombre varie selon la part perçue d’universel.

Grace à eux, grâce à toi,
grâce à nous ensemble,
j’ai fini par oser.

Accepter. Ne plus résister à cette envie discrète.
J’ai posé les mots et peu à peu j’ai fabriqué l’histoire
Une vraie.
Avec des personnages et des chapitres.

Et je suis allée au bout, début 2022.
J’y suis arrivée.

Et j‘ai a-do-ré ça.

__

Grace à toi

à ce que tu m’as dit.
Je l’ai fait.

La plupart du temps même,
j’ose me voir
comme une personne qui aime et sait écrire.

J’en suis là.

Alors merci.

__

Je suis sans éditeur.
j’accumule les silences de ces maisons sérieuses
qui croulent sous des piles de manuscrits entassés,
feuilletés si tout va bien, vite-fait.

Je suis déçue et je comprends. Le drame est dans le système : on lit moins, on écrit plus, on pirate et partage, les formats changent.

Il faut passer mon chemin.
Les talents sont (trop) nombreux : pas de place sur l’étagère pour le mien, éventuel.

Peut-être.

 

Mais ce n’est pas
écrit…

Alors, je continue !

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