Je me suis trompée

Mon père respecte les femmes,
celui de mes enfants exècre l’idée de faire mal,
un homme, à une femme.

 

Quant à moi, je vais bien, merci.
J’ai bien vécu, aussi.

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J’ai vécu des moments magiques comme on en a dans la trentaine
J’ai eu la sensation que les combats d’avant nous avaient propulsés devant : dans une autre contrée,
j’ai cru qu’on était épargnées que nous étions sauvées, à l’abri de ces vieilles idées.

Et je me suis trompée.

__

Je pensais

que ces sujets étaient derrière
que par ici, le droit à l’avortement, la liberté, la banalité d’être une femme
était
un enfer d’avant
une affaire d’antan.
__

De mairies

en directions, de réunions en déjeuners, naïve que j’étais, j’ignorais royalement mes appuis de naissance,
famille soutenante, aimante et ma couleur blanche. Et j’ignorais aussi mes handicaps.

Dans ce monde éduqué, je me disais que j’avais su tirer mon épingle du jeu
enivrée de mes victoires, persuadée d’y être arrivée -parvenue, grâce à mes petits efforts.

Éduqué ce monde ?
__

J’ai reconnu plus tard

C’est vrai, il y avait toutes ces fois lors des réunions à cravates,
ce murmure oppressant qui revenait ce mantra :
tiens-toi bien, fais-toi accepter sans être regardée de près, 
sois correcte, pas de soupçon à la con,
dis un truc intelligent 
pour qu’ils sachent, 
qu’ils soient bien certains, ces vilains, 
que tu n’as pas couché.
_

Depuis mes 40 ans

à peu près, je défais.

Les idées de ce monde-illusion où tout restait possible : lectures, podcasts, discussions, réflexions,
quelques pas de côté et des pieds dans le plat.

Masculinité & féminité, genre et pouvoir, sexe -poussoir.
Tout ça était intellectuel,
Croisement de théories, vision à nuancer,
une fois encore, je me trompais.

__

Parce qu’ensuite, ça a craqué.
Le pot de chambre était plein, il a débordé.

Les atrocités crasses ruissèlent sur des réseaux clinquants,
témoignages et scandales à tous les étages
de ces lieux d’influence et de pouvoir.

Trahisons des icones de vertu, perversité pré-acceptées de ces artistes adulés,
manipulation sans fin de femmes-matières,
progrès développé pour les hommes – étalons
L’horreur à choix multiples n’en finit pas et les drames se trament
et les forts se pâment.
_

 Je suis

une femme et je suis blanche, jamais violée,
à peine agressée – palpée deux, trois fois dans un bus.
Rien, vraiment : une privilégiée !

J’ai à quatre reprises gagné sur mon syndrome de l’imposteur.
J’aime et je suis aimée,
j’ai des qualités et des curiosités
je sais écrire et j’apprends encore et toujours à écouter
Rien dans mon histoire a priori
pour m’indigner.

Mais dans cette vague de fin qui s’abat sur le monde
je devine ce que je me refusais de lire.
La confiance est un calmant pour les petites gens.

Je me suis trompée

_

Ce système

est morbide et mortifère.
Forgé pour et par les hommes :  compétition organisée au service des plus gros.

L’avenir se joue sans nous :
pots de vin, arrangements entre grands et accords de voyous
divagations, menaces et négations,
tu perds à tous les coups.

Si tu montes avec eux,
tu touches
ou tu te fais toucher.

__

Le 8 mars

avec ses 24 heures
n’y suffira jamais,
mais au moins j’ai compris,
c’est promis
plus jamais je ne penserai
que tout ça est derrière.

__

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