Vieillir

Depuis
mes 14 ans,
j’ai peur du temps.
Je veux
en rester là  et ne plus avancer,
c’est assez.
Je ne veux pas de cette année de plus.
Et je m’accroche à  cette idée,
préoccupée de ces journées qui fuient,
triste de ne pas mieux les remplir.Mais de quoi ?  __J’ai toujours eu l’envie au fond des tripes
de rester là où je s’en suis de l’histoire.Ne pas entamer la péripétie d’après,
aimer le présent avec un vertige indicible,si je me penche
sur la suite. J’ai avancé comme ça,
cahin-caha.Depuis mes 14 ans :
ça fait longtemps.

__

Vieillir

Prendre de l’âge. Voir filer ce putain de temps qui nous est décompté.
Ça a continué en pire dans mes années d’adultes.
Outrages quotidiens,
Ravages de surface, traits décomposés,
dysfonctionnements profonds,
capacités ankylosées.

L’écoulement est permanent,
la fuite va en avant.

 

Déroute, perte de contrôle du véhicule.
Aller droit dans le décor.
Devoir encore courir,
filer plus vite que l’élan, plus droit.

Tenter de rectifier le tir.

Ne pas mourir.

__

Ça va mieux

 

Depuis mon prétexte de com, je m’étonne.

Je manie le temps de plus en plus aisément

plus fréquemment.

Je le travaille, l’étire,
Je le frappe et le sectionne,
je le rassemble et le pétris.

J’ai trouvé la meilleure des recettes, l’améliore chaque jour un peu mieux, je m’entraîne….

Ce que je fais avec mon clavier et mon écran
m’aide à me réconcilier
avec le temps.

__

C’est le secret.

Chaque fois que je crée, mon temps ralentit, s’épaissit ou s’envole.

 

Chaque fois que je fais ce que j’aime, le temps stoppe.

 

Et mieux, il devient généreux.
il se fait le complice. Il glisse, se pose, se fait oublier, s’efface.

Il n’a plus de charge, plus de masse,
Rien ne tombe,
je suis en suspension,
tout contre lui.

Je vis.

Plus le temps passe
et plus je saisis ce qui compte.

Bien sûr cet âge est là et il me fait moins nette.
Malgré ses traces sur ma peau,
En dépit de ses ravages et de mes naufrages,
malgré les bleus et les creux, les plis et les poils.

Et bien je souris.

J’ai compris.

__

On ne fait

rien de bien,
sans détruire ce qui est.

On ne vit pas vraiment sans verser de péage.
Il faut flétrir, pour faire pousser la suite

il faut mourir un peu, pour mieux aimer la vie ;
il fait être chaviré·e, chamboulé·e,renversé·e
pour surfer sur le temps.

 

Quand le temps file entre mes doigts, je crée.

Et alors,
je peux sentir la vie chaude et son élan.
Je peux calmer les peurs,
changer,
aimer plus large.

__

 

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